Pourquoi les tablettes tactiles sont bonnes pour vos enfants

Je tombe aujourd’hui sur un article du Monde où des “experts de la petite enfance” prétendent nous mettre en garde contre les “effets néfastes des tablettes tactiles sur les enfants”.

Quel est leur raisonnement ? Ils affirment que donner à des très jeunes enfants un iPad ou son équivalent Android présente les risques suivants (je cite directement l’article) :

  • augmenter les troubles de l’attention ;

  • retarder l’émergence du langage ;

  • entraver la construction du principe de causalité (sic) et des premières notions de temps ;

  • altérer le développement de la motricité fine et globale ;

  • nuire à une socialisation adaptée.

J’ai deux jeunes enfants que j’adore et en tant que parent, je me sens évidemment totalement concerné par leur santé. Mais force est de constater que ces discours de “spécialistes” sont fatigants.

Pourquoi ces théories sont absurdes

D’abord parce que nous n’avons pas le recul nécessaire pour juger : le premier iPad a été lancé en 2010, et les tablettes ne se sont vendues massivement qu’à partir de 2012, c’est à dire il y a 6 ans seulement. Dans d’autres domaines comme les OGM, on nous rabâche qu’il faut “attendre” avant de se prononcer. Alors attendons une décennie, au moins, avant de condamner les tablettes.

Ensuite, parce que de tous temps, on a observé le même type de mise en garde : à l’époque de l’apparition de l’imprimerie, de la télévision puis des jeux vidéos. A chaque fois, la nouvelle invention “met la jeunesse en danger”. L’histoire se répète, tout simplement.

On observe d’ailleurs que les thèses alarmistes évoluent : on se rappelle la position des bébés, qui devaient dormir sur le dos vers 1950, sur le ventre dans les années 1980 et à nouveau sur le dos depuis l’an 2000. C’est la meilleure preuve que leurs auteurs ne savent pas de quoi ils parlent.

Je dirais même que dénoncer des dangers, c’est une mode. Attendons qu’elle passe.

Au sujet du soi-disant risque que les enfants deviennent dépendants des tablettes, faisons aussi remarquer que les addictions ont malheureusement toujours existé, et dans tous les domaines. On ne va pas supprimer la télévision ou le sucre parce que certains en abusent.

De plus, les experts ne sont pas tous de cet avis : citons Olivier Houdé, chercheur en psychopédagogie, selon qui “Jouer sur une tablette, c’est bon pour les ­bébés”, ou encore l’avis rendu en janvier 2013 par l’Académie française des Sciences intitulé “L’enfant et les écrans” qui présente la tablette sous un jour positif.

Ceux qui se plaignent du temps que l’on passe devant sa tablette devraient plutôt mettre l’accent sur la surveillance des enfants par leurs parents, car c’est surtout eux qui sont responsables du comportement de leur progéniture. Par exemple, combien n’ont pas activé le contrôle parental sur l’ordinateur, de façon à empêcher les enfants de surfer sur des sites “inappropriés” ?

Au soi-disant risque de “perte de socialisation”, on peut répondre que les moeurs évoluent : dans un siècle nous ne vivrons plus comme nos grands parents, nous aurons moins d’interactions directes qu’eux (exemple : plus de travail à domicile, moins de coups de téléphones et plus de SMS et d’emails, etc.). C'est en refusant les outils de son époque qu'on se met à l'écart.

Bien sûr, cela va sans dire mais encore mieux en le disant : un enfant ne doit pas passer huit heures par jour devant un écran, auquel cas des troubles graves seraient inévitables. Mais c’est une question de bon sens. Une heure quotidienne ne lui fera aucun mal.

Malheureusement, notre monde moderne ne connait pas la nuance et ne comprend que les positions tranchées, voire extrémistes : on ne peut pas prôner un usage modéré de quelque chose. Il faut être soit "totalement pour" soit "totalement contre".

A ceux qui n’aiment pas les tablettes ou plus généralement l’informatique nomade comme les smartphones, rappelons enfin qu’il est trop tard : ces équipements sont entrés dans les moeurs et n’en sortiront que si une autre révolution technologique se produit. Il faut donc faire avec.

Ce que la tablette apporte à vos enfants

D’ailleurs, si maintenant on parlait des avantages de la tablette pour les jeunes enfants ?

Quand je vois mon fils de 2 ans et demi lire des vidéos sur YouTube et connaitre des gestes tactiles que j’ignore, je me dis qu’il accède à une formidable source de connaissance dont j’aurais rêvé à son âge. Et cela alors qu’il ne sait même pas encore lire.

Pour les bébés, la tablette constitue une interaction (je touche -> il se passe quelque chose) tout aussi stimulante que le hochet traditionnel (je secoue -> il fait du bruit).

Pour les adolescents, elle permet de consommer du contenu sans être passif comme ma génération l’était devant la télévision : sur une tablette, on choisit ce qu’on regarde et quand on le regarde, on peut même créer : dessin, musique, etc. C’est clairement un progrès.

La tablette prépare les enfants au monde dans lequel ils vont vivre, un monde connecté. Désolé pour les anciens, mais hormis pour dessiner, le papier et le crayon, c’est fini. Aux Etats-Unis, on supprime même l’apprentissage de l’écriture cursive au profit du script (les lettres sont détachées). C’est bien normal car aujourd’hui, plus personne ne rédige — ni ne lit — des documents manuscrits, mais tout le monde tape sur un clavier.

Bref ces polémiques illustrent surtout la difficulté qu’il y a à faire entrer dans les moeurs le progrès technologique. Car comme toute chose inconnue, il génère la peur. Il ne reste donc qu’à attendre quelques années pour que les soit-disants experts cessent de critiquer les tablettes… et s’attaquent à autre chose.


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