La nouvelle étoile est rouge

(article paru sur mon ancien blog Nébuleuses)

Quoi de plus logique pour un passionné de l’univers que de consacrer le premier post de son blog à l’actualité spatiale ?

Hier samedi, la Chine a réussi l’exploit de faire sortir un “taïkonaute” dans l’espace. On mesure mal le défi technologique que cela représente : maîtrise de la dépressurisation-pressurisation de la capsule, fabrication d’une combinaison résistante au vide, à ses températures extrêmes (de -150°C à +100°C instantanément quand on passe de l’ombre à la lumière) et aux micrométéorites, entraînement en piscine à la “marche de l’espace” ou l’art de se déplacer en apesanteur, etc. Pas mal pour une nation qui a lancé son programme spatial en 1992.

Cet évènement est bien entendu l’objet d’une intense campagne de propagande de la part du régime de Pékin. Mais pour autant, faut-il craindre quelque chose des progrès chinois dans ce domaine ?

A court terme, disons moins de 10 ans, pas grand chose, si ce n’est que la Chine disposera des moyens d’envoyer un homme dans l’espace quand l’occident démocratique n’en aura temporairement plus, entre 2014 et 2020. Les navettes spatiales américaines seront retirées du service, et le nouveau vaisseau Orion ne sera pas encore disponible. Les Etats-Unis seront donc dépendants du Soyouz russe pour le transport d’astronautes et de l’ATV européen pour le ravitaillement de la station spatiale internationales (ISS).

A plus longue échéance, toutefois, la Chine deviendra un concurrent redoutable en matière d’exploitation de l’espace. Satellites militaires d’observation et de communication, systèmes de positionnement tels le GPS, guerre électronique : l’espace est la clé des guerres de demain. Les chinois le savent et n’hésitent pas à faire savoir qu’ils peuvent frapper l’occident à cet endroit : on se souvient de la destruction d’un satellite obsolète par un missile en 2007.

Par ailleurs, l’exploration-exploitation de la Lune est certainement l’aspect le plus inquiétant : a priori elle recèle suffisamment de ressources pour tout le monde, mais quid s’il s’agit un jour de les partager ? Comment revendiquer quoi que ce soit sur un territoire où l’on n’a pas les moyens de débarquer ?

C’est pourquoi la relance de la course à la Lune, demandée par le président G. W. Bush, est indispensable. C’est en maintenant une avance technologique permanente que l’on peut espérer contenir l’appétit d’une nation de 1,3 milliard d’habitants.


Un avis sur cet article ? Donnez le moi sur Twitter 💬